4 novembre 1991
Aujourd'hui, c'est un grand jour! Çà devait être le 30 octobre, mais j'ai voulu attendre Pierre, ton papa. Il est revenu de Chine, hier soir à 22h30, et est présent avec nous ce soir. Notre rendez-vous est à 17h40. Je m'étends sur la table et le médecin procède à son examen. C'est très spécial. J'ai vraiment hâte! Après avoir vérifié que tout est normal, il nous présente l'un à l'autre. Tu es là, sur l'écran, devant nos yeux, nous te voyons parfaitement même si tu n'as que vingt semaines de conception! Je suis très impressionnée par ce que je vois! C'est un peu comme une naissance, puisqu'on te découvre. On vérifie que tu as tous tes membres, tes doigts, ton cœur... C'est très clair, tu verras, c'est très surprenant... Tu bouges déjà beaucoup, malgré que je ne le sente pas encore. Des coups de pieds, des pliages de bras, des mouvements de main, tu te retournes même, de sur le coté que tu étais au début, tu t'envoies la tête en bas, comme çà tout simplement! Tu as l'air très relax même que tu bailles tout grand... J'espère que tu seras aussi dormeur que ton papa et ta maman! Tes yeux, ta bouche, ton nez, tes oreilles, rien ne nous échappe. Tout ton corps est passé sous notre regard. On examine même ta vessie, tes reins, c'est vraiment incroyable! C'est également ce soir que nous apprenons que tu seras... notre petite "FILLE"! Je suis enchantée et ton père également. C'est vraiment spécial de te voir, de savoir qui tu es, c'est tellement plus concret, plus vrai, plus palpable (enfin presque). Voilà, la moitié de ton séjour à l'intérieur de moi est terminé. Le même temps, à peu près, et tu seras là avec nous, pour nous faire rire, nous faire pleurer, nous faire vivre toute une gamme d'émotions encore totalement insoupçonnée! A bientôt ma fille!
2 Commentaires
21 octobre 1991
Troisième rendez-vous avec le médecin; pour la première fois, ton papa n'est pas avec moi, il est en Chine. Le docteur essaie d'écouter ton cœur mais il a de la difficulté car il dit que tu bouges beaucoup. Malgré tout, il finit par l'entendre. Il semble battre moins vite, mais papa n’est pas là pour le calculer. Tu grandis bien, ton abri mesure aujourd'hui 19 cm. J'ai bien hâte de te voir et çà s'en vient. Tu as presque fait la moitié de ton temps en moi, tu auras 19 semaines demain, imagines-tu? Plus que 21 semaines, au plus et je pourrai te parler face à face... Dans 9 jours, par contre, je te verrai, grâce à l’échographie, c'est un début. Je suis juste un peu triste, parce que ton papa ne pourra pas être là, avec moi, pour ce grand moment. On avait choisi cette date, pour qu'il soit présent, par contre, les Chinois en ont décidé autrement. Mais dis-toi bien qu'il sera présent avec moi par la pensée et qu'il pensera aussi très fort à nous en cette journée, où il aurait sûrement adoré, autant que moi, être là! 20 septembre 1991
Déjà mon deuxième rendez-vous. J'ai hâte de t'entendre. "Tout va bien, même très bien", selon le médecin. Ce sont ses paroles, après avoir mesuré mon utérus, 14 cm après 14 semaines. Après, il écoute ton cœur, ce qui me fait vraiment plaisir, c'est un peu comme si tu étais un peu plus présent, un peu plus réel à chaque fois. Tout commence à prendre forme, tout devient plus concret, un cœur, une grandeur... C'est drôle à dire, mais ton père est plus conscient que moi que je suis enceinte. Souvent, je me dis que ça ne se peut pas, lui, il te voit vraiment. Il a encore plus hâte que moi et trouve que le temps ne passe pas vite... Il faut dire que j'ai un avantage sur lui... tu es déjà un peu avec moi. Juste le temps de nous préparer à te recevoir et tu seras là. En partant du cabinet médical, je me dis que, je devrai attendre encore quatre semaines avant de t'entendre à nouveau et, un autre dix jours avant de te voir la frimousse! Oui, grâce à l'échographie, nous aurons notre premier contact visuel avec toi. J'ai hâte de lever les yeux vers toi, de te connaître . Premier rendez-vous chez le médecin, J. F., c'est lui qui me suit depuis quatre ans et c'est lui qui s'occupera de nous. J'avais super hâte de venir. On parle beaucoup de tout et puis on passe à la chose la plus importante pour moi: l'écoute de ton cœur! Depuis quatre semaines, j'attends ce moment. Le médecin place son appareil sur le bas de mon ventre et puis: "Boum-boum, boum-boum" très rapide, 180 pulsations par minute, un rythme parfait pour toi, pour "ton âge". Ce cœur que j'entends, c'est le tien! Le fait de savoir qu'il vient de moi, c'est on ne peut plus émouvant! Je n'en reviens pas; toi, tu es là, c'est vrai je ne rêve pas, tu existes, tu vis en moi!
Je suis très émue et ton père aussi. Je sais que je ne suis pas la première à être enceinte, j'imagine que chaque femme a ressenti la même chose, quand c'était son tour, mais pour moi c'est la première fois, c'est "MON" enfant et çà m'impressionne. Pourtant, qu'est-ce que la chose la plus vieille au monde, sinon la grossesse? J'ai envie de pleurer de joie, c'est difficile à décrire comme émotion. En tout cas, çà m'impressionne vraiment. Je trouve cela merveilleux de penser que dans mon ventre, il y a de la vie et que cette vie va se transformer en un petit être, qui sera le fruit de mon amour avec Pierre. Je sais, c'est très stéréotypée comme pensée mais c'est exactement çà. Je suis très heureuse d'être ton petit "nid", mon petit bébé. Je suis très heureuse de vivre cet épanouissement. Vive la vie, vive la technologie qui me permet d'entendre ton petit cœur à l'intérieur de moi, de vivre ce moment inoubliable! Je reviens chez nous avec dans le cœur plein d'images et d'émotions. Je suis heureuse. Tous les mois, je prends un rendez-vous médical, je veille sur ta santé. On écoute ton cœur, moment que j'attends toujours impatiemment. On mesure ton petit nid, mon utérus. On te pèse, avec moi, bien entendu, question de vérifier que tout se déroule normalement. À chaque fois, le médecin confirme que tu profites comme il se doit. Tu n'es pas encore très lourd à porter et tu es encore sage. Trois choses me prouvent que tu es là. Premièrement, lorsque j'ai faim, je dois manger aussitôt sinon j'ai mal au cœur. Je garde donc toujours à grignoter avec moi, si je sors. Deuxièmement, aussi et surtout, que mon ventre commence à grossir, à s'arrondir. Finalement, je m'endors ! Je dormirais partout et tout le temps. C'est d'ailleurs ce que je fais pour près d'un mois! Disons que je me repose, pour être en forme à ton arrivée... ![]() Depuis que je sais que je suis enceinte, je passe par plusieurs états d'âme, de surexcitée à inquiète. Est-ce que j'ai pris la bonne décision? Est-ce que je serai capable de t'élever, de savoir si tu as assez mangé? Si tu es malade, saurai-je ce que tu as? Serai-je capable de te soigner? Serai-je patiente avec toi, même si tu bouleverses ma vie? C'est certain, je ne peux répondre à toutes ces questions, je verrai bien en temps et lieu. Je suis si heureuse que tu sois là, au creux de mon ventre, bien au chaud. Je fais très attention à toi, attention à ce que je mange, attention à ce que je fais, je ne veux pas te faire de mal. J'essaie de t'imaginer, qui es-tu? Une fille ou un garçon, j'opte pour le sexe féminin. Ton père lui, crois que tu seras un garçon, qui a raison? Tout le monde dit comme ton père, j'ai bien hâte de voir. ____________ Finalement, c'est moi qui avais raison :) ![]() PRÉFACE J'avais envie de conserver tous ces souvenirs, toutes ces petites choses qui pourraient t'intéresser lorsque tu auras grandi, lorsque tu voudras tout savoir sur ta naissance et ta première année.. Pour bien me rappeler, pour tout te raconter, j'ai décidé de tout mettre sur papier. Quand le temps aura fait son œuvre, quand il aura effacé de ma mémoire les petits détails, ces quelques pages viendront réécrire l'histoire. Ce livre permettra également de conserver au même endroit tous les petits souvenirs, qui sans cela se retrouveraient un peu partout et se perdraient avec les années. Par ailleurs, s'il arrivait que je ne sois pas en mesure de te raconter de vive voix ton histoire, soit par la faute d'une maladie, soit par mon absence, ces pages sauront te rapporter mes paroles. Je t'offre ces joies, ces souvenirs qui ont illuminé ta venue, ta présence et sûrement aussi quelques larmes! Puisses-tu être aussi heureuse à les lire que moi à les vivre. JUSTE AVANT TOI Lorsque j'ai rencontré Pierre Compagna, ton papa, je ne croyais pas, qu'un jour, j'écrirais ces lignes. Nous étions bien ensemble et en profitions, sans savoir combien de temps cela durerait. Nous avions beaucoup de plaisir à faire des choses tous les deux et c'est encore comme çà, trois ans plus tard, au moment, où j'écris ces lignes. Quand on parlait d'avoir des enfants, ou plutôt quand j'en parlais, il n'était pas du tout emballé par l'idée, il en était même contrarié, jamais il n'avait songé à cette éventualité dans sa vie. Je voulais des enfants, depuis longtemps, mais j'étais si heureuse et tenais tellement à lui que je n'insistai pas trop; je n'étais pas prête à le perdre. Alors, d'un commun accord, on décida de ne plus en parler, d'août 1990 à avril 1991. A cette date, cela ferait deux ans que nous serions ensemble, on referait alors le point sur notre relation, et on prendrait alors une décision dans un sens ou dans l'autre. Lorsque la date fatidique arriva, je peux dire que je n'eus pas à insister... À la première discussion, il fût décidé que l'on aurait des enfants. Je fus très surprise qu'il accepte si vite; aujourd'hui, je crois qu'il avait changé d'idée tout seul et qu'il ne s'en vantait pas! Comme je lui ai dit, en le taquinant: Tu m'as laissé poser la question à nouveau, pour pouvoir me dire plus tard: "Ce sont tes enfants, c'est toi qui les as voulus..." Pierre était d'ailleurs tellement décidé, que dès le moment où la décision fut prise, c'est lui qui se fit insistant pour que l'on fasse tout en notre pouvoir afin que je tombe enceinte le plus rapidement possible. Il me poussa dans le dos pour que j'aille acheter un thermomètre, question de ne pas perdre de temps. Il était vraiment pressé que tu te pointes le nez... Qu'il ait accepté aussi vite d'avoir un enfant me confondait tout de même encore un peu. Est-ce qu'il n'avait pas dit oui juste pour me faire plaisir? Regretterait-il par la suite d'avoir acquiescé à ma demande? J'avais hâte de voir sa réaction le jour où çà y serait... A partir du moment où il m'a dit que l'on essaierait d'avoir un enfant, je n'ai plus fait que penser à çà! Quoique je fasse, mes pensées revenaient toujours au même point. Une journée, au travail, j'ai composé le texte qui suit; DÉSIRER Sais-tu ce que c'est de vouloir quelque chose intensément et ce, depuis plusieurs années ? Espérer chaque jour que le destin fasse que tu obtiennes le fruit de ton désir. C'est quelque chose de très épuisant moralement. Il y a des jours où tu n'espères plus, le temps passe et il te semble que tu te dois d'oublier cette idée. Alors tu penses à autre chose, tu vis ta vie pour d'autres objectifs, d'autres besoins comblent celui de tes espoirs et la vie continue. Puis un jour, quelque chose ou quelqu'un fait basculer ta vie... On te dit: “OUI ! Tu peux croire qu'un jour ton rêve se réalisera. Je ne peux te dire dans combien de temps, je ne peux même pas te dire s'il se réalisera, mais je te dis que maintenant, tu as des chances de le voir se concrétiser !” Alors, les premiers jours, tu es sur un nuage, plus rien ne te passe par la tête que cet espoir, ce besoin toujours dissimulé au fond de toi. Ce besoin, ce désir que tu croyais effacé est toujours aussi présent au fond de toi, toujours aussi fort, toujours aussi excitant ! On vient de combler un vide, on vient de te donner l'espoir, qu'un jour ton rêve se réalise. Ces premiers instants sont peut-être aussi émouvants que l'obtention elle-même de ton désir, puisqu'ils sont un accomplissement en eux-mêmes. C'est à cet instant que tu vois ton rêve s'illuminer, prendre forme, se teinter de réalité. Qui, mieux que celui qui a attendu, peut comprendre la joie d'obtenir ce que l'on attendait. Depuis l'instant où l'espoir de concrétisation du désir est entré en l'individu, le cerveau ne fait qu'exercer des fonctions essentielles comme respirer... En effet tout le reste est annihilé par l'idée du rêve omniprésent. L'individu fonctionne un peu " au radar ". Il est surprenant de constater que, malgré tout, celui-ci passe à travers les tâches quotidiennes sans vraiment les vivre. Il peut conduire sa voiture sans vraiment sentir la route, où plutôt en ne faisant que la sentir ! En effet, ses yeux sont là et voit la route, mais son cerveau est uniquement concentré sur son rêve, déjà concrétisé par l'extrapolation en l'avenir. Les jours passent et l'excitation se tasse un peu, le temps reprend possession de la réalité. Le cerveau redevient un peu plus maître de la situation, en ce sens qu'il est capable de penser à autre chose, il peut reprendre possession de ses fonctions presque totalement. Cela ne signifie pas que le rêve se soit dilué de quelque façon que ce soit, mais qu'il a pris une place plus réaliste en l'individu. L'espoir en un rêve accompli se comporte de manière incompréhensible à l'individu. On pourrait le comparer à une montagne russe en foire. Il a des hauts, qui le ramènent aux premiers instants de l'annonce du pouvoir en son rêve, d'autres fois, il se retrouve aussi faible qu'au jour où l'on n'y songeait plus. Mais définitivement l'espoir ne disparaît pas. Cet espoir est aussi empreint du désir de survivre que l'individu lui-même. Il ne disparaîtra que lors de l'obtention du désir ou du départ de l'individu pour un pays où tous les rêves se concrétisent. Un peu illuminé non ? Cela démontre dans quel état je me trouvais... A l'été de 1991, lors de nos vacances, je croyais bien que çà y était. Donc, un samedi soir, 13 juillet, en secret, je fis un test, histoire d'en avoir le cœur net. Il s'avéra négatif. J'avoue que j'étais plutôt déçue, mes impressions me laissaient croire qu'il serait positif. Je doutais tellement de ce résultat infirmatif, que dix jours plus tard, soit le 23 juillet, je refis un nouveau test. Cette fois, je le fis dans les règles de l'art, soit le matin et à jeun. Ton père était à coté de moi, quand le test confirma, selon toute vraisemblance, que j'étais enceinte depuis le 12 juin, soit depuis à peu près 6 semaines. Si j'étais inquiète de la réaction de Pierre, j'en fus doublement plus heureuse. Il me prit dans ses bras, me serra très fort, m'embrassa et me dit qu'il m'aimait. Nous étions tous les deux très excités. J'étais sur un nuage et ton père venait de m'aider à y rester en étant super ! Nous aurions un enfant dans moins de neuf mois. ![]() Sais-tu ce que c'est de vouloir quelque chose intensément, et ce depuis plusieurs années ? Espérer chaque jour que le destin fasse que tu obtiennes le fruit de ton désir. C'est quelque chose de très épuisant moralement. Il y a des jours où tu n'espères plus, le temps passe et il te semble que tu te dois d'oublier cette idée. Alors tu penses à autre chose, tu vis ta vie pour d'autres objectifs, d'autres besoins comblent celui de tes espoirs et la vie continue. Puis un jour, quelque chose ou quelqu'un fait basculer ta vie... On te dit: "OUI ! Tu peux croire qu'un jour ton rêve se réalisera. Je ne peux te dire dans combien de temps, je ne peux même pas te dire s'il se réalisera, mais je te dis que maintenant tu as des chances de le voir se concrétiser!" Alors les premiers jours, tu es sur un nuage, plus rien ne te passe par la tête que cet espoir, ce besoin toujours dissimulé au fond de toi. Ce besoin, ce désir, que tu croyais effacé, est toujours aussi présent au fond de toi, toujours aussi fort, toujours aussi excitant ! On vient de combler un vide, on vient de te donner l'espoir qu'un jour ton rêve se réalise. Ces premiers instants sont peut-être aussi émouvants que l'obtention elle-même de ton désir, puisqu'ils sont un accomplissement en eux-mêmes. C'est à cet instant que tu vois ton rêve s'illuminer, prendre forme, se teinter de réalité. Qui, mieux que celui qui a attendu, peut comprendre la joie d'obtenir ce que l'on attendait. Depuis l'instant où l'espoir de concrétisation du désir est entré en l'individu, le cerveau ne fait qu'exercer des fonctions essentielles comme respirer... En effet, tout le reste est annihilé par l'idée du rêve omniprésent. L'individu fonctionne un peu " au radar ". Il est surprenant de constater que, malgré tout, celui-ci passe à travers les tâches quotidiennes sans vraiment les vivre. Il peut conduire sa voiture sans vraiment sentir la route, où plutôt en ne faisant que la sentir ! En effet, ses yeux sont là et voit la route, mais son cerveau est uniquement concentré sur son rêve, déjà concrétisé par l'extrapolation en l'avenir. Les jours passent et l'excitation se tasse un peu, le temps reprend possession de la réalité. Le cerveau redevient un peu plus maître de la situation, en ce sens qu'il est capable de penser à autre chose, il peut reprendre possession de ses fonctions presque totalement. Cela ne signifie pas que le rêve se soit dilué de quelque façon que ce soit, mais qu'il a pris une place plus réaliste en l'individu. L'espoir en un rêve accompli se comporte de manière incompréhensible à l'individu. On pourrait le comparer à une montagne russe en foire. Il a des hauts, qui le ramènent aux premiers instants de l'annonce du pouvoir en son rêve, d'autres fois, il se retrouve aussi faible qu'au jour où l'on n'y songeait plus. Mais définitivement l'espoir ne disparaît pas. Cet espoir est aussi empreint du désir de survivre que l'individu lui-même. Il ne disparaîtra que lors de l'obtention du désir ou du départ de l'individu pour un pays où tous les rêves se concrétisent. |
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